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MAN Truck & Bus France prend la parole pour éclairer la voie de la décarbonation du transport routier

Conférence MAN Truck & Bus France - 1er février 2024

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C’était jeudi dernier, face à près de 300 transporteurs et chargeurs et face à la presse spécialisée du TRM, que MAN Truck & Bus France a pris la parole, en mode démocratisation de l’information pour délivrer des réponses aux questions des professionnels de la filière : Pourquoi faut-il s’engager vers un transport zéro émission ? Comment dois-je monter mon projet de décarbonation ? Comment la France contribue auprès des transporteurs à impulser cet engagement concret ? 

MAN Truck & Bus France prend la parole pour éclairer la voie de la décarbonation
Jean-Yves Kerbrat, Directeur Général MAN Truck & Bus France, pose les bases des problématiques évoquées pendant la conférence sur la décarbonation du transport.

En préambule Xavier-Yves Valère, Chef de la mission fret et logistique pour la DGITM**, a tracé les grandes lignes de notre politique française concernant la mobilité décarbonée. Des énergéticiens directement impliqués dans les implémentations de modules de recharge électriques et travaillant sur le réseau français ont apporté également de nombreuses réponses quant à la mise en place des dispositifs inhérents à l’acquisition de cette solution de mobilité électrique, qui représente d’ores et déjà pour les experts “le nouveau paradigme” pour avancer vers un transport zéro émission.

Un état des lieux radical nous a été fait avec la vision objective de Fabrice Bonnifet*, Directeur Développement Durable & QSE du Groupe Bouygues et coauteur avec Céline Puff Ardichvili de l’ouvrage « L’entreprise contributive », entre chiffres chocs et bon sens, ce professionnel impliqué de longue date a su éveiller les consciences et rappeler l’état d’urgence climatique dans lequel nous nous trouvons. Hyperbanalisée et noyée dans un flux hétéroclite d’infos, l’évolution du climat, ses causes et ses conséquences sont trop souvent minimisées…

Pendant cette conférence initiée par Jean-Yves Kerbrat, Directeur Général MAN Truck & Bus France et ses équipes, Frederik Zohm, Directeur R&D MAN Truck & Bus, a présenté la démarche holistique de MAN et sa stratégie quant au déploiement des nouveaux véhicules totalement inclus dans la démarche de décarbonation du groupe.

Notons l’intervention constructive de Marie Defrance au nom de la CSIAM en toute fin de session pour rappeler les « aides » destinées à la construction des projets de mobilité électrique (document récapitulatif***).

Voyons ce qu’il faut retenir de ces différentes interventions éclairées…  

Le camion électrique devient une évidence technologique

Conférence sur la décarbonation du transport routier
Xavier-Yves Valère, Chef de la mission fret et logistique pour la DGITM

« Nous avons tous consulté les rapports du GIEC, et tous compris qu’il va y avoir un moment où le pétrole ne sera peut-être plus aussi abondant, plus aussi pratique. Enfin, il y a beaucoup d’externalités négatives… Et nous savons qu’il faut apprendre à moins le consommer, c’est un problème particulier pour les transports, tout au moins c’est actuellement la filière où il est très compliqué d’apprendre à s’en passer. Et c’est important pour nos économies, parce qu’une économie ne marche pas sans transport, et le transport routier représente 90 % du transport de marchandise en France. Il est donc structurellement nécessaire à notre économie.  De plus, c’est un fait en Europe, mais c’est particulièrement vrai en France, nous avons vraiment un pays qui « consomme » beaucoup de transport routier. S’occuper de la décarbonation du transport routier, est donc vraiment important pour nous.

Nous avons commencé à analyser l’évolution de la demande de transport, nos voisins allemands disent qu’une augmentation de + 45 % du transport de marchandises va être nécessaire. Dans la transformation économique liée aux grandes transitions et aux enjeux de réindustrialisation de la France, nous avons fait nos comptes de notre côté, nous sommes à + 12 % avec des transformations économiques, qui amènent notamment une utilisation de poids lourd qui va être conséquente. Tous ces points-là nous disent qu’il y aura toujours du camion et qu’il est vital qu’il soit décarboné. L’état a décidé de miser sur les camions électriques, parce que nous avons une électricité qui est disponible (malgré la volatilité des prix) et parce que nous avons une offre disponible en Europe. Le camion électrique devient une évidence technologique grâce au travail de tous les constructeurs, il y a une réelle offre qui avance avec une réalité industrielle. Donc, les états membres de l’UE veulent une économie zéro carbone en 2050, dans toute l’économie. Ce qui signifie très concrètement pour nous que 50 % des poids lourds vendus en 2030 seront électriques. Cela représente concrètement déjà dans 6 années, un camion sur deux en mission qui devrait être électrique. 

Cependant, un des freins notables actuels est « le défaut de marché » occasionné par l’arrivée de ces motorisations électriques : le décalage entre le prix d’acquisition de la solution électrique (environ 3 fois le prix d’un véhicule thermique) face à une prestation de transport dont le prix n’est pas valorisé en conséquence. Depuis 2019, nous avons travaillé avec les parties prenantes pour construire les conditions d’une amorce de transition, avec l’appel à projet de l’ADEME (dotation selon les émissions comptabilisées). En 2022 nous avons imputé 22 millions d’euros à cet appel à projet, en 2023, nous sommes passés à 60 millions d’euros et en 2024, ce sera 130 millions d’euros, pour les transporteurs « premiers de cordée ».

C’est le moment de s’investir pour que les industriels et les énergéticiens puissent avancer et proposer des coûts d’usage plus équilibrés, nous l’espérons à horizon 2030. Avant de pouvoir faire des propositions pour les PMI et PME du transport, il faut que des « deals » s’opèrent entre grands transporteurs et grands chargeurs à propos de la manière dont ces entités vont « digérer » le surcoût initial de ce nouveau dispositif. Les chargeurs notamment ont besoin pour leur politique RSE de « miser » sur un transport décarboné (scope 3), qui apporte à la fois de la pérennité et de la fiabilité dans leur parcours de décarbonation, plus rapide à mettre en place que les dispositifs de décarbonation industriels, par exemple. »

Xavier-Yves Valère, Chef de la mission fret et logistique pour la DGITM*

Au-delà des mesures technosolutionnistes, c’est un état d’esprit, c’est un véritablement changement de société qu’il va falloir accepter.  

Conférence sur la décarbonation du transport routier
Fabrice Bonnifet, Directeur Développement Durable & QSE (Qualité-Sécurité-Environnement) du Groupe Bouygues et Directeur du C3D

Nous avons besoin de régulations fortes, je ne pense pas que ce soit le cas aujourd’hui et puis nous avons besoin de l’engagement des entreprises, elles ont cette conscience de la vulnérabilité que n’ont pas les états, parce qu’une entreprise est une entité qui crée de la valeur avec un compte de résultat et des clients (la conscience d’une potentielle fin d’activité la rend très réactive et créative).

Tout est interdépendant, le problème du changement climatique n’est vu que par le prisme du carbone, c’est effectivement “la mère des batailles”, mais il faut considérer sur ce chemin que nous allons aussi impacter d’autres ressources. Le fait de décarboner peut nécessiter d’utiliser plus de matériaux, notamment du cuivre et nous pouvons ainsi potentiellement « décaler » le sujet du carbone vers d’autres problématiques. 

Le changement de paradigme n’est pas simplement de passer du tout thermique au tout électrique. Il faut repenser notre mode de consommation avec plus de sobriété. Que déplace-t-on dans les camions ? Savoir remettre en question nos modes de consommation fait également partie de la transition en privilégiant l’essentiel plutôt que le non-essentiel. Nous pouvons faire « la même gymnastique » à propos des data centers : près de 80 % de la bande passante aujourd’hui est utilisée par les usages du quotidien. Si l’on évoque l’exemple du bâtiment, beaucoup de bâtiments sont aujourd’hui sous-utilisés, en mutualisant les espaces qui restent vides et en construisant en amont avec des modules réutilisables, nous pouvons rationaliser encore plus.

Au-delà des mesures technosolutionnistes, c’est un état d’esprit, c’est un véritable changement de société qu’il va falloir accepter. »

Fabrice Bonnifet, Directeur Développement Durable & QSE (Qualité-Sécurité-Environnement) du Groupe Bouygues et Directeur du C3D 

” Nous sommes déterminés à faire notre part dans la transition vers une mobilité plus durable (…) de la conception des véhicules à l’infrastructure de recharge. “

Conférence sur la décarbonation du transport routier
Frederik Zohm, Executive Board Member for Research and Development – Directeur R&D MAN Truck & Bus

« En écoutant l’intervention deFabrice Bonnifet, tout le monde peut constater que nous sommes trop lents. Tout dépend de nous, de notre comportement et de la manière dont notre entreprise place cela comme l’un de nos principaux objectifs dans sa stratégie. Nous ne sommes pas les seuls dans cette démarche, nous l’avons intégrée à nos objectifs commerciaux. Depuis 2015 jusqu’à aujourd’hui, nous avons réussi à réduire notre empreinte carbone de production d’environ 50 %. Nous aimerions atteindre la neutralité carbone tout en continuant notre production. Il nous reste encore du chemin à parcourir, mais nous avons placé les fondations.

Nous sommes fiers de la diminution des émissions de CO2 déjà opérée sur nos produits, car ces derniers représentent une partie majeure de nos émissions de carbone. Cela provient essentiellement des camions et des bus que nous livrons à nos clients.

En outre, les camions parcourent entre 100 000 et 200 000 kilomètres par an, actuellement. Ainsi, un client moyen de notre entreprise consomme entre 20 000 et 30 000 litres de diesel chaque année. Notre défi principal est donc de décarboniser notre flotte et de proposer un produit capable de fonctionner de manière similaire à nos produits actuels. Il est aussi important de trouver des solutions pour le transport de charges plus lourdes, qui pourraient être difficiles à réaliser avec des camions électriques, nous explorons pour cela des solutions hydrogène (camion hydrogène fin 2025).

Nous avons commencé notre parcours dans la mobilité urbaine avec des bus électriques, devenant aujourd’hui le leader du marché européen des bus électriques, avec des ventes passant de 2 à 780 unités. Nous avons également développé des concepts pour réduire le bruit dans nos bus, créant une atmosphère similaire à celle d’une salle de concert ou d’un cinéma.

Actuellement, nous travaillons sur un concept de car pour décarboner également les voyages en autocar, avec un lancement sur le marché d’ici 2025-2026. Nous sommes également en train de décarboner nos camions, avec un premier modèle dévoilé en 2023, le MAN eTruck (eTGX). Nous avons transformé notre production pour intégrer des composants robustes nécessaires à ces véhicules, avec l’objectif de proposer une gamme complète couvrant 80 % de toutes les applications possibles, de la distribution aux solutions de longue distance.

En ce qui concerne la recharge, nous avons adopté une approche modulaire avec des points de connexion à l’avant et à l’arrière du camion, offrant une flexibilité maximale aux clients. Nous travaillons également sur des solutions de charge allant jusqu’à 750 kilowatts pour réduire le temps de recharge à 30 minutes, en tenant compte des pauses logistiques de 45 minutes.

Nous souhaitons une infrastructure de recharge étendue, si chaque acteur impliqué contribue un peu, cela fera une grande différence. Nous encourageons également les gouvernements à jouer un rôle actif en montrant leur engagement par le biais de hotspots et de soutien à l’infrastructure de recharge sur les autoroutes.

En conclusion, nous sommes déterminés à faire notre part dans la transition vers une mobilité plus durable, en offrant des solutions innovantes et en travaillant sur tous les paramètres, de la conception des véhicules à l’infrastructure de recharge.» 

Frederik Zohm, Executive Board Member for Research and Development – Directeur R&D MAN Truck & Bus

Conférence sur la décarbonation du transport routier

Optimiser l’électrification du transport routier : collaboration essentielle des énergéticiens et solutions adaptées ?

Pendant la conférence, les énergéticiens présents, conscients de l’importance d’accompagner les transporteurs dans cette décarbonation de leurs activités, ont mis en avant des solutions concrètes. TotalEnergies, en tant que partenaire historique du secteur du transport, propose une offre adaptée aux besoins spécifiques des transporteurs. Mathieu Soulas, Directeur Nouvelles Mobilités & Marketing chez TotalEnergies, a souligné leur présence sur les axes majeurs du transport de marchandises en France et en Europe avec le réseau AS24, offrant un accompagnement dans la gestion de flotte et la transition énergétique. Pour favoriser la décarbonation du transport routier à grande échelle, TotalEnergies se positionne en tant que fournisseur complet de solutions de recharge, depuis une infrastructure fiable jusqu’à la gestion optimisée des contrats de fourniture d’électricité.

IZIVIA, filiale mobilité électrique d’EDF, propose une approche sur mesure, débutant par une compréhension approfondie des besoins de mobilité des clients transporteurs. En collaboration avec DREEV, spécialiste du smart charging, IZIVIA offre des solutions clés en main pour l’installation et la maintenance des bornes, garantissant un taux de disponibilité optimal, tout en réduisant la facture électrique et en favorisant une recharge aux heures les moins carbonées.

La collaboration entre énergéticiens et transporteurs apparaît donc comme un élément essentiel pour réussir la transition vers l’électrification du transport routier. Il semble que la mise en place, pour les transporteurs, d’un ou de plusieurs postes de recharge nécessite une anticipation pour étudier la faisabilité du dossier, il faut compter 2 à 3 mois avant la validation d’un projet. Les prix d’installation oscillent entre 7K et 80K Euros pour l’installation d’un poste de recharge, entre autres le paramètre de la puissance de charge est à prendre en compte.

CGM pour Truckeditions

* Fabrice Bonnifet est également directeur du C3D 

**Direction Générale Infrastructures Transports et Mobilités

*** Document récapitulatif de la CSIAM concernant les aides possibles pour créer son projet de mobilité électrique

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