Ils attendaient à la porte du garage…
La dépanneuse Mercedes-Benz LG 315 est de retour !
Lamartine se demandait si les objets inanimés possédaient une âme ? On a bien envie de répondre non, mais les camions ça roule, ça bouge ! Alors sont-ils animés par un esprit … ? Pas sûr ! Par contre beaucoup d’entre eux ont une histoire et celle-ci en est une belle !
Cette magnifique dépanneuse Mercedes-Benz LG 315, conçue pour un usage militaire, a été construite en 1957. Les établissements Delcroix en ont fait l’acquisition et l’ont adaptée pour être utilisée comme dépanneuse jusqu’en 1980. Elle est restée sans activité pendant 10 ans et puis un collectionneur allemand l’a achetée pour la restaurer…
Ce collectionneur l’a conservée pendant 20 ans. Souhaitant s’en séparer, il a eu la bonne idée de la proposer à Mercedes Benz France.
Pour cette dépanneuse, c’est un juste retour à la concession Paris St Denis, qui va la conserver précieusement pour le plus grand plaisir des employés, des visiteurs et des clients.
Pour ce reportage, j’ai évidemment voulu prendre le volant mais il a fallu que je retrouve des réflexes enfouis depuis longtemps dans ma mémoire. Il m’a fallu redécouvrir que le métier de conducteur de camions était réservé aux costauds, équipés de gros bras et que les passages des vitesses n’étaient possibles que selon des processus incontournables : le double pédalage pour monter les rapports et le double débrayage pour rétrograder.
Les boîtes automatiques
On a tendance à généraliser en parlant de “boîte automatique”, en fait, ce terme est réservé aux véhicules dont la chaîne cinématique comporte un convertisseur hydraulique qui gère la liaison entre le moteur et les roues. Ce système, qui accepte des glissements hydrauliques, équipe généralement des engins très lourds dont la puissance du moteur pourrait détruire une mécanique en prise directe.
Pour l’ensemble des véhicules modernes affectés au transport par route, on doit utiliser les termes boîte automatisée ou robotisée. En réalité, il s’agit de boîte mécanique, pilotée par un calculateur qui gère les actions d’embrayages et de débrayages à la place du conducteur. Une multitude d’informations collectées et transmises au calculateur, permettent une gestion des rapports avec une douceur et une précision étonnante.
A noter que la précision de changements de rapports des boîtes automatisées (ou robotisées) est telle que les boîtes ne comportent pas de synchro. Elles sont capables de faire aussi bien que les “vieux” chauffeurs qui forçaient l’admiration par leur dextérité.
Avant les boîtes robotisées, il y a eu les boîtes synchronisées.
Un progrès, qui a transformé la vie des chauffeurs : fini les bruits désagréables, les démarrages en côte aléatoires et les quolibets genre : “Tu as une dent contre la boîte ? ”
A l’époque être capable de passer correctement les vitesses était considéré comme fondamentale. La fameuse pédale de gauche, il fallait en prendre soin, la caresser du bout du pied et bien la connaître avant de l’enfoncer…
Avec la pédale de gauche tout se faisait en double ! Logique ! Non ?
Double pédalage et double débrayage : comment ça marche !
Voici une petite explication très simple, complètement vulgarisée pour les plus jeunes d’entre nous qui ne connaissent que les merveilleuses boîtes robotisées d’aujourd’hui.
Le double pédalage permet, par un temps au point mort, aux pignons concernés de ralentir dans un laps de temps plus court et d’harmoniser (de synchroniser) leur vitesse de rotation. Les dents des pignons peuvent s’imbriquer plus facilement sans grincer. Le double pédalage n’est pas obligatoire à condition de maintenir la pédale d’embrayage enfoncée suffisamment longtemps pour obtenir que les pignons entraînés rapidement par le rapport précédent, ralentissent suffisamment leur rotation pour être en harmonie avec les pignons du rapport supérieur.
Le double débrayage est, lui, cependant incontournable. C’est le même processus que le double pédalage avec en plus, une montée en régime du moteur au moment du point mort pour que le régime moteur soit harmonisé avec la vitesse de rotation des pignons qui seront utilisés pour un rapport plus bas.
Dans le premier cas il faudra trouver la bonne durée de maintien au point mort. Dans le second cas, accélérer pour trouver le bon régime pendant le maintien au point mort.
Pour apprendre à utiliser cette méthode, le degré de résistance du levier de vitesses et surtout le bruit des pignons mécontents, sont des indications précieuses qui permettent de progresser.
Anecdote Truckeditions : Rome – Rennes sans embrayage !
Il restait en outre la possibilité de passer tous les rapports d’une boîte synchronisée ou pas, sans débrayer. Il fallait une excellente oreille et une bonne surveillance du compte-tours. Malgré les apparences cette façon de procéder spectaculaire n’était pas très difficile à utiliser. Pour la petite histoire, lorsque j’étais conducteur routier, je suis rentré de Rome à Rennes sans commande d’embrayage. Chaque départ se faisait au démarreur, première enclenchée, ensuite successions des rapports à l’oreille et au compte-tours. Malgré la distance et le passage du Mont Blanc, j’ai ramené l’ensemble sans dommage pour la boîte, mais ceci est une banale aventure que la plupart des vétérans du siècle dernier a sans doute vécu.
Ce petit bout de route au volant de cette honorable dépanneuse nous a permis d’évoquer le bon vieux temps et les boîtes de vitesses d’antan.
Très bientôt, nous parlerons actualité avec un essai récemment réalisé pour Truckeditions. Notre conducteur d’essai, Jean François MARIE, formateur pour les Transports MALHERBE parlera notamment de la boîte robotisée, qui équipe le tout nouveau Mercedes Benz Actros Euro 6.
André Godeloup pour Truckeditions. 06.09.2013
La dépanneuse MERCEDES -BENZ LG 315
Moteur : multi combustibles
Puissance : 145 ch. 2100 min
Quatre roues motrices (possibilité de désactiver l’essieu avant)
Poids à vide : 7700 kg
Lien vers plus d’infos sur la dépanneuse Mercedes-Benz_LG_315
Intervenants :
Hervé MOUILLESEAUX, Directeur Général Mercedes-Benz Paris IdF
André GODELOUP, journaliste Truck Editions
Cadrage et Montage :
Vincent MAHE, Cadrage et Montage
Production exécutive GODELOUPROD
Avec l’aimable collaboration de :
Olivier AMÉLINEAU, Direction de la Communication Mercedes Benz France
et de : MERCEDES-BENZ V.I. Paris Ile-de-France