Caméras IA et infrastructures routières : FLIR en phase avec le cadre européen
L’entrée en vigueur progressive du règlement européen sur l’intelligence artificielle impose aux industriels du véhicule industriel dédié au transport routier de s’adapter à un encadrement juridique plus strict. Teledyne FLIR, fabricant de systèmes d’analyse trafic basés sur des capteurs thermiques et des algorithmes propriétaires, a anticipé cette évolution. Son approche consiste à proposer une IA fermée, non connectée à Internet, répondant aux exigences de transparence, de sécurité et de respect des données personnelles définies par le futur cadre légal européen.
Le règlement européen sur l’intelligence artificielle : un cadre juridique structurant
Adopté définitivement en juin 2024, le règlement européen sur l’intelligence artificielle, ou AI Act, constitue le premier cadre réglementaire global au monde visant à encadrer le développement et l’usage de l’IA dans tous les secteurs économiques, y compris celui du transport routier. Ce texte distingue plusieurs niveaux de risque — minimal, limité, élevé et inacceptable — et impose des obligations strictes pour les systèmes dits à haut risque, tels que les dispositifs de gestion du trafic ou les infrastructures critiques. Ces systèmes devront répondre à des exigences renforcées en matière de traçabilité, d’auditabilité, de gouvernance humaine et de documentation technique, et devront être inscrits dans une base de données publique de l’UE.
Les pratiques interdites concernent notamment la reconnaissance faciale à distance dans l’espace public, la notation sociale et la manipulation cognitive, comme le rappelle également la Commission européenne et la CNIL. L’application du règlement commencera dès 2025 avec un calendrier progressif en fonction du type de système concerné. Pour les industriels du transport, cela signifie une nécessaire adaptation technique et documentaire à court terme.
Une IA embarquée pour répondre aux exigences des systèmes à haut risque
Le règlement européen classe les systèmes de gestion du trafic parmi les usages à haut risque, car ils influencent directement la sécurité publique. À ce titre, les solutions mises en œuvre doivent intégrer une supervision humaine, garantir la traçabilité des décisions algorithmiques, assurer l’anonymat des données collectées et éviter toute dérive intrusive. FLIR dit revendiquer une conformité active à ce cadre via une IA embarquée, sans recours à l’Internet, ni actualisation dynamique. Cette configuration dit limiter les interférences et protéger les données en temps réel, tout en préservant la performance en situation critique.
Une architecture propriétaire fondée sur la maîtrise des données
Contrairement aux systèmes fondés sur des jeux de données ouverts, l’IA développée par FLIR est entraînée uniquement à partir des images issues de ses propres capteurs thermiques et optiques. Ce choix technologique veut garantir un contrôle complet des données de formation et permet de documenter précisément chaque évolution du modèle. L’algorithme est capable de reconnaître des événements à risque comme des véhicules arrêtés en zone de danger, des fumées anormales ou des circulations à contresens, en les comparant à une base de données constituée depuis plus de trente ans. Aucun traitement biométrique n’est réalisé et aucune information ne peut être reliée à un individu.
Un positionnement potentiellement éthique adapté au cadre européen
Les systèmes développés par FLIR s’inscrivent dans une logique de détection sécurisée, sans interférer avec la vie privée des usagers. Aucune reconnaissance faciale, ni aucun scoring comportemental ne sont utilisés. L’entreprise se conforme ainsi aux interdictions posées par le règlement européen, notamment en ce qui concerne les dispositifs de manipulation cognitive ou de surveillance à distance dans les espaces publics. Ces choix techniques permettent aux opérateurs routiers de disposer d’outils conformes, sans renoncer à la performance en matière de sécurité.
La démarche de FLIR illustre les ajustements que les fournisseurs de solutions intelligentes doivent intégrer pour continuer à opérer dans l’espace européen. Le transport routier, confronté à la numérisation croissante de ses infrastructures, entre dans une phase où la conformité réglementaire devient un facteur clé de pérennité. Les systèmes embarqués à IA fermée, basés sur des logiques de détection sécurisée, pourraient devenir la norme pour les infrastructures critiques, au-delà même du seul cadre européen.
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