Tour d’Europe des carburants alternatifs : démonstration collective pour une transition immédiate
Revenir sur une initiative stratégique à l’échelle du continent
Chez Truckeditions, nous avons suivi avec attention cette initiative ambitieuse, portée par un consortium industriel engagé dans la diversification énergétique. La conférence de bilan du Tour d’Europe des carburants alternatifs*, tenue à Bruxelles le 23 juin 2025, a permis de restituer les résultats d’une expérimentation inédite en conditions réelles.
Alors que la décarbonation du transport routier fait l’objet de tensions réglementaires et de débats techniques, ce retour d’expérience offre un éclairage concret sur les solutions déjà opérationnelles et compatibles avec les flottes actuelles.
Une traçabilité rigoureuse pour des données exploitables à l’échelle européenne
Au cœur du dispositif expérimental : la démonstration de la traçabilité numérique des carburants utilisés et de leurs performances en conditions réelles. Grâce à des dispositifs embarqués de monitoring, les émissions de CO₂ ont été mesurées avec précision tout au long du parcours. Cette approche a permis non seulement d’évaluer les économies d’émissions réalisées, mais aussi de valider la fiabilité du protocole en vue d’une éventuelle reconnaissance réglementaire.
Trois axes guidaient les partenaires : la disponibilité réelle des carburants renouvelables, la transparence des données environnementales et leur possible intégration dans les futures législations européennes. En croisant ces données avec les standards existants (well-to-tank et tank-to-wheel), les équipes ont pu comparer concrètement les réductions de gaz à effet de serre, démontrant que les carburants alternatifs peuvent être mobilisés dès aujourd’hui sur les motorisations thermiques existantes.
Une dynamique collective portée par l’industrie
Ce projet transfrontalier a rassemblé de nombreux partenaires industriels et institutionnels : constructeurs (dont IVECO, Daf Trucks, Mercedes-Benz Trucks), producteurs d’énergie, centres techniques, laboratoires universitaires, plateformes logistiques et fédérations professionnelles. Tous convergent vers une exigence : élargir le débat énergétique au-delà de la seule électrification.
Le message est clair : pour réussir la transition énergétique du transport, l’Europe doit soutenir toutes les technologies crédibles, testées, traçables et disponibles. Le Tour d’Europe illustre cette démarche, en s’adressant directement aux décideurs politiques à Bruxelles, avec des résultats chiffrés, certifiés et reproductibles.
Une pluralité de carburants et une efficacité prouvée en flotte existante
L’expérimentation n’a pas porté sur un seul carburant mais sur un panel représentatif des alternatives aujourd’hui disponibles : biocarburants de première et deuxième génération, carburants synthétiques, e-fuels, HVO, méthanol renouvelable ou encore gaz d’origine renouvelable (bioGNL). Tous ont été testés dans des configurations de transport réelles, sur des flottes actuelles, sans adaptation des motorisations.
Les résultats valident leur efficacité immédiate. Ces carburants renouvelables permettent de réduire significativement les émissions, sans attendre une électrification complète ni renouveler les flottes. Leur compatibilité avec les infrastructures actuelles constitue un levier stratégique pour accompagner la transition énergétique dans les segments lourds et longue distance.
Une stratégie pour éviter le “tout électrique” exclusif
Les porteurs du projet soulignent une réalité souvent minorée : en 2030, une part importante du parc circulant sera encore thermique. Miser exclusivement sur le véhicule électrique reviendrait à écarter des solutions efficaces déjà disponibles et à exclure un certain nombre d’entreprises également. Le Tour d’Europe plaide donc pour une approche technologique inclusive : combiner carburants alternatifs et électrification, selon les usages.
En démontrant que ces carburants permettent des réductions de CO₂ immédiates, sans nécessiter de rupture technologique ni d’investissement lourd en infrastructure, les partenaires souhaitent convaincre les institutions européennes de les intégrer pleinement dans les futures politiques de décarbonation.
IVECO, un parcours emblématique pour démontrer la viabilité du bioGNL
Parmi les constructeurs mobilisés, IVECO a choisi de parcourir 5 000 kilomètres à travers l’Europe avec un camion alimenté au bioGNL. Ce trajet technique et symbolique, ponctué d’étapes clés en Italie, en Allemagne, en France et en Belgique, visait à démontrer l’efficacité concrète du biométhane pour le transport longue distance. Le constructeur a favorisé la rencontre avec les fournisseurs de gaz et les distributeurs, notamment à Wipptal Biogas dans le Tyrol du Sud et à la station GNL de Lille-Fretin.
Grâce à la technologie “digital fuel twin” développée par Bosch, IVECO a pu certifier la traçabilité de son carburant, renforçant la transparence environnementale de sa démarche.
Selon Simone Curti, Directeur des opérations commerciales EMEA chez IVECO, seule une approche multi-énergies — biométhane, HVO, électricité et hydrogène — permettra aux constructeurs de répondre efficacement aux objectifs climatiques.
Une filière biométhane active et structurée en Europe
Le consortium biométhane, soutenu par TotalEnergies, IVECO, Wipptal Biogas et d’autres partenaires européens cités plus haut, a profité du Tour d’Europe pour démontrer la maturité de sa chaîne d’approvisionnement. Le biométhane, produit localement et injecté dans le réseau, a alimenté plusieurs véhicules participant au projet. La logistique du gaz renouvelable s’est appuyée sur des points d’avitaillement certifiés, combinant efficacité et traçabilité.
Les partenaires du biométhane insistent sur la nécessité d’intégrer cette énergie dans les futures réglementations européennes, au même titre que l’électricité ou l’hydrogène. Elle représente aujourd’hui l’une des rares solutions prêtes à l’emploi pour la décarbonation du transport lourd selon ses défenseurs.
Une démonstration à l’échelle européenne
Le Tour d’Europe des carburants alternatifs s’est achevé à Bruxelles après 77 500 kilomètres parcourus par 16 véhicules — dont 5 poids lourds — à travers 16 pays. 84 % du parcours a été effectué avec des carburants 100 % renouvelables, permettant une réduction moyenne de 77 % des émissions de gaz à effet de serre. Ces chiffres, validés par les universités de Darmstadt et de Karlsruhe, appuient la reconnaissance immédiate du potentiel des carburants liquides renouvelables (HVO, B100, E85) et gazeux (bioGNL).
Une transition inclusive au service de la neutralité carbone
Le Tour d’Europe remet en lumière un principe fondamental : la neutralité carbone passera par une combinaison de technologies, adaptées aux réalités terrain. Carburants durables et électromobilité ne doivent pas être opposés, mais articulés de façon stratégique. En soulignant que ces solutions sont déjà disponibles et compatibles avec les véhicules actuels, le projet propose une réponse pragmatique à l’urgence climatique.
Pour les transporteurs, cette vision ouvre des perspectives concrètes. Pour les décideurs publics, elle constitue un appel à diversifier les politiques de soutien. L’action climatique dans le transport peut commencer dès aujourd’hui, avec des technologies éprouvées, traçables et prêtes à déployer selon tous les acteurs porteurs de ce message.
*Le projet Tour d’Europe a rassemblé 24 entreprises, associations et institutions de toute la chaîne de valeur de l’automobile et des carburants, dont : AVIA, BMW, Bosch, Collective du Bioéthanol, DAF Trucks, Daimler Truck AG, EBB, Enilive, EWABA, ePURE, TJA, FuelsEurope, Honda, Hyundai, Iveco, IRU, Moeve, Neste, PRIO, Repsol, Shell, Toyota, Transportes Aguieira, VDA.
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