XPO déploie une offre de reconditionnement de camions dans ses ateliers
XPO Logistics dit renforcer sa stratégie RSE en structurant un programme inédit de reconditionnement de véhicules industriels dans ses propres ateliers. En misant sur une économie de la durabilité, l’entreprise intègre un processus de remise en état complet de ses poids lourds, désormais proposé également à des transporteurs tiers sous la marque « Regain ». Une démarche technique, chiffrée et reproductible, qui s’inscrit dans une logique d’économie circulaire appliquée au transport routier.
Une maintenance technique étendue et internalisée
Depuis 2020, XPO Logistics a internalisé un programme de reconditionnement de ses camions et semi-remorques dans ses 20 ateliers de maintenance répartis sur le territoire français. Moteurs, transmissions, châssis, cabines, couchettes et tableaux de bord sont remis à niveau selon des critères techniques stricts. Le confort conducteur est également amélioré avec l’intégration d’accessoires électroniques récents. Ce choix opérationnel repose sur un savoir-faire développé en interne par plus de 200 techniciens expérimentés (ancienneté moyenne : 10,5 ans), valorisant leur expertise et leur rôle dans la gestion durable de la flotte.
Une logique circulaire désormais ouverte à d’autres transporteurs
Avec « Regain », XPO déploie ce dispositif au-delà de ses besoins propres, en l’ouvrant à d’autres transporteurs. L’objectif avoué : éviter les remplacements systématiques, réduire l’empreinte carbone liée à la fabrication de véhicules neufs, et offrir un service complet de remise en état. À ce jour, 150 camions-remorques, 405 semi-remorques et 400 tracteurs Renault Trucks ont été reconditionnés. D’ici fin 2025, 300 remorques supplémentaires devraient suivre. Cette approche optimise la durée de vie des véhicules tout en maîtrisant les coûts d’exploitation.
Données de flotte et perspectives sectorielles
En France, la flotte XPO se compose actuellement d’environ 2 800 camions (âge moyen : 3 ans) et de 4 500 remorques. Le programme de reconditionnement vient compléter un plan d’investissement régulier dans le renouvellement des équipements roulants. Sur un plan sectoriel, cette démarche s’inscrit dans les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations unies, notamment l’ODD 9 (infrastructures durables) et l’ODD 13 (climat), et répond à une logique de résilience logistique post-pandémie.
Ce virage opéré par XPO Logistics peut préfigurer un nouveau modèle de gestion technique durable dans le transport routier. Alors que la pression environnementale et économique s’intensifie, ce type d’initiative pourrait inspirer d’autres opérateurs à structurer des solutions circulaires internes, plus autonomes et moins dépendantes de l’offre constructeur neuve.
Cette évolution n’est pas neutre pour les constructeurs. Si elle peut apparaître comme une forme de concurrence sur le terrain de la maintenance et du reconditionnement, elle traduit surtout une maturité croissante des transporteurs vis-à-vis des enjeux techniques. Certains industriels y verront un levier de coopération sur les véhicules hors garantie ou en fin de cycle, à condition que les protocoles de sécurité, de traçabilité et de conformité soient strictement respectés.
Ce positionnement renforce par ailleurs un débat sous-jacent : l’accès aux technologies embarquées. Dans un contexte où les poids lourds intègrent de plus en plus de systèmes électroniques propriétaires (diagnostic, ADAS, télématique, etc.), le développement de programmes autonomes comme celui de XPO pourrait rouvrir la question de la gestion des données véhicules. Un des enjeux : garantir aux transporteurs la capacité d’exploiter leurs propres flottes en toute autonomie technique, sans dépendance exclusive aux constructeurs.
Enfin, la mention explicite d’un volume de 400 tracteurs reconditionnés en lien avec Renault Trucks laisse supposer que le programme « Regain » s’articule potentiellement avec des partenariats existants, on connait notamment le programme « Reman » de Renault Trucks (remanufacturing de pièces détachées). On peut positivement supposé que, pour certains composants critiques ou interventions électroniques, XPO ait noué des accords avec les constructeurs afin de sécuriser l’accès aux diagnostics, aux mises à jour ou à certains modules ADAS. Cette articulation entre savoir-faire interne et collaboration technologique conditionnera-t-elle à l’avenir la capacité des grands transporteurs à structurer des modèles d’économie circulaire reproductibles à grande échelle ?
Gardons simplement en tête que chaque métier a son intérêt et son utilité dans un écosystème devenu aussi technique, l’innovation reste toujours portée par les constructeurs de véhicules industriels.
CGM pour Truckeditions
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