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Mon Job, c’est conducteur dans le transport exceptionnel

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My Job My Truck : conducteur super poids lourd – Yohan Petiteau

Et si on vous disait que vitesse commerciale* et transport ne sont pas toujours compatibles dans le TRM**, vous seriez tentés de penser que le métier a bien changé et pourtant… Loin des transports de marchandises qui nécessitent souvent des plannings cadencés, Truckeditions vous emmène, cette fois-ci, sur les routes d’Île-de-France à la rencontre d’un métier hors-normes. Nous partons en convoi exceptionnel avec un ensemble de 110 T, afin de suivre Yohan Petiteau qui sera notre pilote et notre guide tout au long de cette mission.

Dans ce nouvel épisode quelque peu exceptionnel de MJMT, toujours au côté de notre partenaire Volvo Trucks France, nous allons découvrir ensemble que conducteur routier n’est pas forcément une profession de solitaire et qu’elle nécessite, à bien des titres et quotidiennement, patience, technicité, concentration et écoute. Et pour cause, Yohan nous annonce que notre vitesse va osciller entre 5km/h et 60 km/H et qu’il travaille avec 2 voitures pilotes tout au long de son trajet, et nous allons voir comment ? Mais revenons à notre pro du jour…

C’est à environ 30 km au sud de Paris, précisément au Plessis-Pâté (Essonne) que nous retrouvons dans la cour du site PREMAT, toute une équipe casquée et équipée des EPI règlementaires. Après un café pour nous parler de la journée, Yohan et ses collègues s’organisent pour charger une énorme machine, c’est une pelle de démolition Liebherr de 60 T, à livrer au chantier de la Gendarmerie Mobile de Melun.

« Le camion, j’ai ça dans le sang ! » nous confie Yohan, au volant de son FH16 750 ch, les yeux conjointement rivés sur la route et sur ses rétroviseurs.

À 30 ans, Yohan a déjà réalisé une bonne partie de son parcours pro dans le TP. Préalablement conducteur d’engins de pas moins de 20 T, il est finalement revenu à la passion qu’il partage, depuis toujours, avec son père grâce au métier de conducteur routier SPL. Comme il aime à le rappeler avec un grand sourire, « il a grandi dans un camion », le métier de son père l’a, très tôt, familiarisé à l’univers du camion, et c’est presque naturellement, il y a un an et demi, qu’il a opté pour un poste de conducteur SPL chez PREMAT, une entreprise de 500 collaborateurs, spécialisée dans le transport en vrac (tous matériaux, pétroliers, pulvérulents, déchets, lixiviats et bien sûr charges lourdes jusqu’à 180 T). Il peut ainsi continuer à piloter les engins TP qu’il connaît bien, tout en conduisant un camion.

Pas étonnant donc, de le voir, pour bien commencer la journée, totalement à l’aise aux manettes de la pelle de 60 T pour la positionner sur le porte-char sur lequel, il va falloir la stabiliser. 
Après avoir « poser » la machine, Yohan et ses collègues s’affairent posément autour de l’ensemble : un mesure la hauteur de la remorque en différents points pour qu’elle soit à niveau et à une hauteur viable pour ne pas toucher le sol sur le parcours, l’autre place des plaques de calage ou encore gère l’arrimage de l’ensemble, ici ils placeront 6 chaînes, 4 d’arrimage qui seront croisées, et 2 dites « de frein ». 
L’objectif est de bien répartir la charge pour obtenir une stabilité complète et optimale. Des gyrophares sont aussi ajoutés à l’ensemble.

Yohan : « Tout doit être anticipé pour véhiculer un tel poids et une telle masse sur la route, en toute sécurité »

Nous voici enfin à bord avec Yohan, il a quitté son casque et démarre sa machine de 750 ch, il a auparavant activé sa tablette, sur laquelle apparait une cartographie détaillée du parcours du jour.
Ce trajet a été conçu et organisé par son directeur, Jean-Philippe Luc, qui s’est également occupé de toutes les autorisations de passage auprès de la préfecture (délivrées à partir du point de départ). 
Un tel convoi nécessite en effet préparation et démarches administratives pour bien respecter les prescriptions faites concernant son passage sur le réseau routier et urbain. Il faut rappeler que l’ensemble mesure 28,5 mètres pour un poids de 110 T, vous l’aurez aisément compris… Il ne passe pas partout !

Yohan : « Pour être autonome et réactif, il faut savoir travailler en équipe »

Comme nous le confit Yohan, il ne suffit pas d’être bon conducteur pour ce type de transport, avoir une bonne perception de l’espace et être attentif demandent également pas mal d’énergie.
Pendant nos échanges avec lui dans la cabine, il reste concentré, perpétuellement aux aguets afin que rien ne lui échappe, et pour cela il a deux complices de jeu, auxquels il fait totalement confiance. 


En effet, une voiture pilote est en tête de convoi, et bloque pour lui la circulation afin qu’il puisse passer à des endroits sensibles ou encore rentrer sur une 4 voies en toute sécurité. Derrière son camion, se trouve une autre voiture pilote, avec un conducteur, qui incarne, comme il dit, « ses yeux », et qui l’aide à manœuvrer au plus juste, « afin que la dernière roue du convoi soit bien dans l’axe dessiné par la première ».


Cette grande complicité technique est très utile quand le convoi doit passer un rond-point ou lors d’un accès très serré. 
Alors comment font-ils pour communiquer instantanément ? C’est encore la Cibi qui prouve son utilité et sa praticité dans ce cas concret. Nous avions déjà vu avec Flavio Escudé, conducteur de camion-benne TP, lors de l’épisode 1 de MJMT que cet outil, un peu désuet pour certain, est encore très utilisé dans le TP.

Yohan Petiteau au volant son  Volvo FH16 75
Yohan Petiteau au volant son Volvo FH16 75

Yohan : « En plus de la puissance du moteur, c’est surtout le couple qui est important pour moi »

Pour faire ce métier, il faut forcément un camion puissant, et c’est un Volvo FH 16 750, qui fait le job ! Ce tracteur 6X4 est jumelé à une remorque Nicolas 5 + 2 (5 essieux à l’arrière et un bissel de 2 essieux). 
Pour Yohan, la puissance et le couple sont importants, cela lui permet d’être certain de pouvoir tracter sa lourde charge en toute circonstance. 
Yohan conduit en mode auto mais passe aussi très souvent en mode manuel afin de garder le rapport engagé et d’obtenir un couple maximum quand, par exemple, il gravit une côte.
De la même manière, dans les descentes, il travaille en manuel pour retenir la charge, aidé d’un ralentisseur additionnel hydraulique afin de préserver les freins d’éventuelles surchauffes et de pouvoir ainsi freiner en toute sécurité.
Dans ce convoi, le FH 16 roule au maximum à 50 km/h sur les routes secondaires et à 60 km/h sur autoroute. Malgré cette « lenteur » relative, Yohan sait rester très vigilent : une voiture peut déboîter inopinément ou un piéton peut arriver sur la voie sans avoir vu le véhicule (pourtant imposant), dans ce cas, c’est bien 110 T qu’il faut stopper.

Alors si, comme Yohan, vous n’êtes pas pour la routine au travail, et que vous aimez le pilotage de précision, ce job est aussi pour vous, mais attention ! Il ne faudra, à aucun moment, baisser la garde, c’est un métier qui demande une grande ténacité, de la concentration, une bonne réactivité et de l’endurance, en plus d’un gout prononcé pour les camions très puissants 😉

Les missions sont très diverses dans ce domaine de spécialistes, et les conducteurs SPL partent en général pour des missions à la semaine.
Ils peuvent transporter indifféremment des engins destinés au TP, du matériel agricole, du « forestier » (grumes), du matériel aéronautique et bien d’autres matériels hors-normes.

Catherine Godeloup Mahé pour Truckeditions – mars 2022 © – Web-série My Job My Truck Saison 2 – Ep 1

*Vitesse commerciale : rapport entre la longueur du trajet et le temps nécessaire pour le parcourir (durée des arrêts intermédiaires incluse).

**TRM : transport par route de marchandises.

Plus d’infos ici sur la réglementation liée aux convois exceptionnels

Plus d’infos sur l’entreprise de transport PREMAT 

Vous souhaitez en savoir plus sur le Volvo FH 16 750, c’est par ici

Intervenants dans ce reportage video Truckeditions.com : Yohan Petiteau, conducteur routier convoi exceptionnel – Premat, Vincent Mahé -Truckeditions.

Programme My Job My Truck – Réalisation Vincent Mahé – Images additionnelles Sébastien Péresse – Directrice de production Catherine Mahé Godeloup – Production exécutive Lampyris Production – Musique Motion Array – Rise and Shine, Hip Hop, Trip Hop, Mooveka – You got me good – Truckeditions 2022 ©

La configuration de l’ensemble du jour pour un transport de 3ème Catégorie, avec une pelle Liebherr de démolition de 60 T :

> Tracteur VOLVO 6×4 750ch dernière génération.

> Semi-remorque NICOLAS 7 essieux. 

Caractéristique maxi de l’ensemble :
PTRA de l’ensemble 180 T
PTAC de l’ensemble : 79,690 T
Masse à vide de l’ensemble : 47,310 T

Retrouvez notre programme original MY JOB MY TRUCK avec Flavio Escudé qui nous parle de son métier de conducteur de camion-benne.