Logistique multimodale dans l’événementiel sportif : une révolution orchestrée
À l’ère des compétitions planétaires, de Paris à Djeddah en passant par São Paulo, la chaîne logistique multimodale s’impose comme l’architecture invisible mais décisive des grands événements sportifs. Jeux olympiques, Coupes du monde, championnats automobiles et compétitions d’endurance sont autant de démonstrations où la réussite d’un événement repose quasiment autant sur la performance des athlètes que sur celle des flux logistiques. Pour ces manifestations d’envergure, la multimodalité, qui conjugue différents modes de transport (routier, ferroviaire, maritime, aérien) dans un même enchaînement contractuel et opérationnel, assure la fluidité, la résilience et l’efficacité d’une organisation globale soumise à des contraintes extrêmes.

La logistique des grands événements : une machine planifiée à la seconde
À l’approche des Jeux olympiques de Paris 2024, ce sont plus de 40 sites, répartis sur l’ensemble du territoire national et au-delà, qu’il a fallu équiper, alimenter et synchroniser. Clairement, tout l’enjeu a été de coordonner des flux en provenance de plusieurs continents, dans des volumes équivalents à près de 80 000 m² de stockage logistique, mobilisés jusqu’à un an avant les premières épreuves. À cette exigence de fiabilité s’est ajoutée une pression environnementale croissante : l’organisation avait pour objectif exemplaire une réduction de l’empreinte carbone logistique de l’ordre de 2,5 fois par rapport à l’édition de Londres 2012. Ce défi est relevé notamment grâce à l’emploi de transport ferroviaire pour les marchandises lourdes, au recours à des véhicules routiers alimentés en HVO ou en électricité, et à l’optimisation numérique des itinéraires par des systèmes de planification assistée par IA. L’intégration de flottes propres dans les segments urbains a en outre permis également de répondre aux contraintes de circulation imposées par les zones à faibles émissions.
La course dans la course : les championnats automobiles comme vitrines logistiques
Au sein des disciplines sportives les plus exigeantes en matière de logistique, les championnats de course automobile occupent une place singulière. Dans le cas de la Formule 1, chaque saison comprend en moyenne 22 à 23 Grands Prix, répartis sur cinq continents, organisés dans un tempo serré qui impose des transferts complets du matériel en l’espace de quelques jours. À chaque étape, ce sont environ 1 540 tonnes d’équipements qui sont déplacées, soit près de 50 tonnes par écurie, incluant les véhicules, les pièces détachées, les outils d’ingénierie, les structures d’hospitalité et le matériel de retransmission. Ces volumes sont acheminés par camions spécialisés, avions cargo, et parfois par voie maritime selon les délais disponibles. Pour optimiser les flux, DHL, partenaire logistique historique de la F1, recourt à une flotte partiellement convertie au bio-carburant HVO et à des avions Boeing 777 économes en carburant. Cette stratégie permet potentiellement une réduction estimée de 83 % des émissions liées au transport routier, et une diminution de 17 % du CO₂ émis par le fret aérien.
La Formula E, championnat de monoplaces électriques, pousse cette logique encore plus loin. À l’occasion de la saison 2024, les organisateurs ont prévu 16 courses dans 10 villes réparties sur plusieurs continents. Le volume transporté pour chaque épreuve s’élèvait à près de 400 tonnes. Afin de limiter les impacts carbone, les équipes se sont appuyés sur un mix de fret maritime, de trains de marchandises et de carburants alternatifs comme le SAF (carburant d’aviation durable). La série Extreme E, organisée dans des régions sensibles aux enjeux climatiques (zones désertiques, régions polaires, forêts tropicales), a franchi un cap symbolique en se dotant d’un navire logistique, le RMS St Helena, reconverti en base mobile permettant d’acheminer tous les équipements de la course tout en servant de laboratoire pour l’électrification logistique et l’alimentation en hydrogène.
Les 24 Heures du Mans 2025 : un laboratoire logistique grandeur nature
Dans la continuité des engagements pris sur la F1 et la Formula E, DHL renforce en 2025 son ancrage logistique dans les courses d’endurance. À l’occasion des 24 Heures du Mans, l’opérateur a mobilisé une flotte multimodale composée de camions alimentés en biocarburant HVO, d’un dispositif de fret ferroviaire dédié pour les équipements longue distance, ainsi que d’un corridor logistique express optimisé depuis Le Bourget. Le logisticien dit confirmer une réduction de 83 % des émissions de CO₂ liées au transport par rapport aux éditions antérieures, notamment grâce à l’utilisation de carburants alternatifs et à l’optimisation des tournées via IA. Cette opération veut s’inscrire dans une stratégie de transition accélérée vers une logistique de course bas carbone, testée à grande échelle sur un événement emblématique du sport automobile mondial.
L’innovation au cœur de la performance logistique
Dans tous ces dispositifs, l’innovation technologique joue un rôle clé, aussi bien dans l’optimisation des trajets que dans la résilience opérationnelle. L’intégration de systèmes TMS connectés à la télématique des véhicules permet d’avoir une visibilité en temps réel sur les positions, les délais d’acheminement et les conditions de transport. Couplés à des outils d’intelligence artificielle, ces systèmes sont capables d’anticiper les ruptures, de reconfigurer automatiquement un itinéraire en fonction de la météo, d’un blocage douanier ou d’un incident mécanique, et de prioriser les envois critiques.
Ce type de réactivité est essentiel pour les pièces de rechange dans les championnats automobiles. Une pièce électronique ou un composant moteur endommagé peut compromettre la participation à la course suivante. Dès lors, des cellules de gestion logistique d’urgence mobilisent en quelques heures un transporteur aérien ou ferroviaire express, avec une coordination douanière sur plusieurs fuseaux horaires.
Les énergies alternatives, enfin, participent à cette mutation profonde. L’introduction de véhicules de livraison électriques ou alimentés au gaz naturel liquéfié (GNL) dans les derniers kilomètres, le développement de conteneurs réutilisables, ainsi que l’emploi de carburants renouvelables comme le SAF pour les vols intercontinentaux participent à une réduction significative de l’empreinte carbone. Plusieurs prestataires testent également des drones pour la livraison d’équipements légers en milieu urbain dense, ou des bases temporaires auto-alimentées grâce à des générateurs à hydrogène, comme cela a été le cas dans certaines épreuves d’Extreme E ou de rallye-raid.
Une chaîne pilotée comme un système global
La performance logistique dans l’événementiel sportif ne se joue pas uniquement sur le terrain de l’efficacité matérielle. Elle repose aussi sur une gouvernance intégrée, un pilotage anticipé des flux, et une communication permanente entre les parties prenantes. Les prestataires logistiques ne sont plus de simples exécutants : ils interviennent dès la conception de l’événement, participent à la définition des flux critiques, proposent des alternatives de transport en cas de saturation ou d’aléas, et assurent un reporting environnemental de plus en plus structuré. L’édition 2024 des Jeux de Paris, les Grands Prix de F1 au format triplet, ou encore la montée en puissance des championnats off-road électriques témoignent de cette transformation continue, où chaque kilomètre parcouru est désormais analysé, optimisé, et aligné avec des objectifs de performance globale.
La logistique multimodale dans l’événementiel sportif ne peut plus être considérée comme un simple levier opérationnel. Elle s’inscrit au cœur de la stratégie des organisateurs, des fédérations, et même des sponsors. À mesure que les événements gagnent en complexité, que les contraintes réglementaires et environnementales s’intensifient, et que l’exigence de fiabilité devient absolue, la chaîne logistique veut se transformer en un réseau intelligent, agile et durable. Du stade olympique au paddock de course, chaque flux maîtrisé est une victoire silencieuse, mais décisive.
Ajoutons que ces événements extraordinaires ne répondent pas à des besoins vitaux du quotidien. Pourtant, ils captent l’attention du plus grand nombre et mobilisent une industrie puissante, à la croisée du divertissement, de la mobilité internationale et de l’innovation logistique. À la fois vitrine planétaire et terrain d’expérimentation grandeur nature, cette filière se doit d’incarner les meilleures pratiques en matière de transport, d’empreinte environnementale et de performance technologique.
CGM pour Truckeditions
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