Goodyear au Mans Camions : écouter la piste pour lire la route
C’était le 20 septembre dernier, Goodyear a profité des 24H du Mans Camions pour rappeler le cadre de son engagement en compétition truck — title partner et fournisseur exclusif de pneumatiques du Goodyear FIA European Truck Racing Championship (2025–2027) — et pour poser une question simple : que permet réellement la piste quand on parle d’exploitation côté flottes ? Deux dirigeants de l’entité donnent la mesure du sujet.
Grégory Boucharlat, Senior Vice President Global Commercial (parcours quasi intégralement dédié au camion et désormais aux offres intégrant aussi le service), apporte une lecture engagée très terrain : « J’ai rejoint Goodyear il y a trente et un ans, et je reste passionné par les camions. Le groupe a fait énormément de progrès ces dernières années, sur l’activité pneumatique comme sur les services et solutions. Je vous laisse juge de savoir comment on se positionne par rapport à nos concurrents. »
Xavier Fraipont, alors Vice-President, Commercial Tire BU EMEA et appelé à prendre la responsabilité Global Racing depuis le 1ᵉʳ octobre, assume le lien direct entre paddock et route : « Le racing fait partie de notre ADN : c’est un moteur d’innovation. La difficulté technique que nous réglons sur la piste, nous la capitalisons pour la route. »
Dans ce dossier, Truckeditions adopte un prisme transporteurs : comprendre ce qui se transfère de la piste à la route et ce que cela change en coût au kilomètre, disponibilité et sécurité. La suite s’appuie sur les voix d’Éric Müller (produit et innovation) et de Kelly Divo (marketing et services) pour éclairer l’actualité 2025 — pneus, donnée, service — à l’aune des usages réels, du dépôt à la cabine.
Deux voix pour lire 2025 côté transporteurs
Pourquoi ces solutions, vues depuis l’atelier et la cabine ?
Éric Müller — un cahier des charges, pas un slogan
Dans le showroom, Éric Müller, director products and innovation commercial tires EMEA, pose directement l’équation telle qu’elle se vit côté flotte : abaisser la résistance au roulement sans perdre la motricité, tenir la température de la bande de roulement et préserver la durée de vie utile.
« Sur un pneumatique de course, on cherche plus d’adhérence. Pour un produit routier économe, on applique d’autres mélanges pour réduire la résistance au roulement… On différencie des produits faits pour économiser l’énergie et d’autres pour l’usage journalier où l’on a besoin de traction. »
KMAX GEN-3 fait office de socle d’exploitation : une monte conçue pour contribuer à la consommation à condition de maintenir la pression et de rester dans l’usage prévu.
« K pour kilométrage… un produit polyvalent qui combine coût au km, traction et économie de carburant », résume-t-il.
Le marquage Electric Drive Ready évite de dédoubler les références sur des parcs thermiques et électriques, et l’identification RFID rend la traçabilité exploitable, du dépôt à la route.
Sur la longue distance, EQMAX et EQMAX ULTRA déplacent le curseur vers la très faible traînée. L’objectif n’est pas de promettre une économie universelle, mais de rappeler ce qui rend les gains reproductibles : vitesses stabilisées, charges maîtrisées et pression surveillée. Les mélanges riches en silice — incluant, sur certaines formulations, une silice issue de cendres d’écorces de riz — visent à limiter l’échauffement, donc la perte d’énergie, tout en gardant de la tenue sous pluie. L’étiquette compte moins que la constance d’usage côté flotte.
En milieu urbain, URBANMAX s’attaque à une autre réalité : arrêts répétés, appuis latéraux, bordures et pluie. La bande 100 % silice et des renforts dédiés servent à garder l’adhérence quand la chaussée se dégrade et que les manœuvres s’enchaînent. L’intérêt se mesure autant par la filière cycle de vie — recreusage, rechappage — que par la lisibilité acoustique et énergétique en ZFE.
Kelly Divo — faire travailler la donnée pour éviter les arrêts subis
Côté exploitation, Kelly Divo, Marketing Manager Commercial Goodyear – SAP Expertise, ramène l’essentiel à la pression et au temps d’arrêt.
Son explication est volontairement concrète : « Le pneumatique équipé d’un capteur va communiquer avec la borne » au passage sur parc ; la pression remonte automatiquement et l’estimation de charge permet d’anticiper. La plaque CheckPoint ajoute la hauteur de gomme et « identifie le véhicule par la puce RFID ou par la plaque », avec alerte visible dès l’entrée du dépôt.
Hors dépôt, TPMS Connect fait sortir l’alerte de la cabine : la donnée pression/température arrive au back-office, sans matériel additionnel, pour déclencher la bonne action au bon moment.
À l’étape suivante, produit, capteurs et intervention sont réunis. Avec Tires-as-a-Service, la gestion du poste pneu devient un engagement de service : surveillance 24/7, regonflage automatique roue par roue en cas de perte de pression, et déclenchement réseau quand l’anomalie persiste. L’objectif est tangible : moins d’arrêts non planifiés, une pression tenue dans la durée et un capital immobilisé en stock qui recule. Les résultats restent tributaires du profil de mission, de la discipline de traitement des alertes et de la réalité des trajets.
Ce que la piste change — et ce que la route confirme
La compétition n’est pas une promesse, c’est un banc d’essai. Les contraintes extrêmes sur carcasses et mélanges accélèrent les itérations ; la route valide ou infirme sur la longueur : rendement, motricité, tenue sous pluie, endurance.
2025 met en avant un triptyque lisible pour les transporteurs : une base polyvalente pour le quotidien (KMAX GEN-3), un levier d’efficience pour la longue distance (EQMAX / EQMAX ULTRA), une réponse urbaine pour l’usage dense (URBANMAX), prolongés par une chaîne de données du dépôt à la route (DrivePoint, CheckPoint, TPMS Connect) et, pour certains parcs, une externalisation du poste pneu (Tires-as-a-Service).
Pour un exploitant, l’enjeu n’est pas de changer de pneus, mais de sécuriser des conditions qui rendent les gains reproductibles : pression tenue, profils de mission stabilisés, rotation atelier disciplinée et information qui circule jusqu’au back-office. Les annonces 2025 de Goodyear tracent une trajectoire ; la route en donnera la mesure. Pour passer du principe à l’action, la section qui suit livre, solution par solution, ce qu’il faut appliquer sans détour au quotidien.
Plus d’infos à propos de Goodyear
Repères exploitation — comprendre en 30 secondes ce que chaque solution change
KMAX GEN-3 — la monte du quotidien vue depuis l’atelier
Pensé pour abaisser la traînée sans perdre la motricité, KMAX GEN-3 vise des gains de consommation reproductibles dès lors que la pression est tenue et que l’usage reste conforme. Le marquage Electric Drive Ready évite de dédoubler les références sur des parcs mixtes thermique/électrique, tandis que l’identification RFID rend la traçabilité exploitable entre dépôt et route. « K pour kilométrage… un produit polyvalent qui combine coût au km, traction et économie de carburant », résume Éric Müller.
Repères techniques : baisse de résistance au roulement annoncée jusqu’à 13 % vs génération précédente ; au moins 40 % de matières durables (EcoReady) selon références ; RFID de série ; bénéfice carburant communiqué « jusqu’à » 1 236 € par véhicule et par an sous hypothèses.
EQMAX / EQMAX ULTRA — quand la traînée devient le levier sur autoroute
Sur les longues liaisons, la priorité passe à la très faible résistance au roulement pour grignoter des dixièmes à l’échelle du parc. Les mélanges fortement chargés en silice limitent l’échauffement de la bande et stabilisent le comportement sous pluie, avec compatibilité annoncée pour les motorisations électriques et hydrogène. L’intérêt se lit dans la durée si vitesses, charges et pression sont maîtrisées côté exploitation.
Repères techniques : « jusqu’à » 6 % de résistance au roulement en moins et « jusqu’à » 20 % de potentiel kilométrique en plus vs prédécesseurs ; étiquette énergie A sur certaines dimensions ULTRA ; « jusqu’à » 55 % de matières durables selon tailles.
URBANMAX — absorber l’urbain dense et ses à-coups
Arrêts répétés, appuis de bordures, pluie : l’urbain use à chaque manœuvre. URBANMAX dit répondre par une bande 100 % silice, des renforts ciblés et une géométrie pensée pour conserver l’adhérence sur chaussée dégradée. L’intérêt se joue autant en atelier, via la filière cycle de vie (recreusage/rechappage), qu’en conformité sonore et énergétique pour les réseaux en ZFE.
Repères techniques : « jusqu’à » 40 % de potentiel kilométrique en plus vs prédécesseur ; étiquetage B en efficience et A en bruit sur certaines dimensions ; déclinaisons EcoReady (≥ 40 % de matières durables) ; aptitude au recreusage et au rechappage.
Données au dépôt — DrivePoint & CheckPoint, détecter tôt et agir vite
Le contrôle utile se joue souvent au portail du parc. Au passage, « le pneumatique équipé d’un capteur va communiquer avec la borne », explique Kelly Divo : la pression remonte automatiquement et l’estimation de charge aide à anticiper. La plaque CheckPoint ajoute la mesure de hauteur de gomme et « identifie le véhicule par la puce RFID ou par la plaque », avec alerte visible dès l’entrée et données disponibles pour l’atelier et l’exploitation.
Repères techniques : DrivePoint remonte pression et charge estimée au passage ; CheckPoint mesure pression et profondeur de gomme en « drive-over », identifie via RFID ou lecture de plaque et affiche instantanément les alertes au portail.
Données embarquées — TPMS Connect, faire sortir l’alerte de la cabine
Hors dépôt, l’alerte ne doit pas rester dans la cabine. TPMS Connect relie le TPMS d’origine constructeur au back-office, sans matériel additionnel, pour transmettre pression et température en temps réel. L’enjeu est simple : passer d’un voyant en cabine à une information exploitable par l’exploitation, de façon à programmer l’intervention avant l’immobilisation.
Repères techniques : interface « plug-and-play » sur TPMS OEM, sans carte SIM dédiée ; remontées cloud pression/température ; intégration OTA ; algorithmes de détection prédictive des fuites lentes, sous-gonflages et surchauffes.
Service — Tires-as-a-Service, transformer un poste matériel en engagement
Dernier maillon de la chaîne opérationnelle : Tires-as-a-Service réunit produit, capteurs et intervention. Le service propose une surveillance 24/7, du regonflage automatique roue par roue (Halo) en cas de perte de pression, et un déclenchement réseau quand l’anomalie persiste. L’intérêt est opérationnel : moins d’arrêts non planifiés, une pression tenue sur la durée, une dépense lissée par abonnement — sous réserve bien entendu, d’une adoption réelle côté exploitation.
Repères techniques : résultats de programmes pilotes communiqués par Goodyear indiquant des baisses d’incidents et d’immobilisations (jusqu’à 80 % d’incidents et 50 % d’arrêts soudains en moins, selon contexte) et, dans certains cas, jusqu’à 4 % de carburant d’une année sur l’autre.
Cycle de vie — recreusage & rechappage, prolonger sans dégrader
La durée de vie utile se gagne par étapes. Sur carcasse saine, la séquence recreusage puis rechappage, éventuellement répétée, peut repousser l’achat de monte neuve et ainsi réduire l’empreinte matière. C’est un levier de TCO autant qu’un marqueur de maturité d’exploitation, qui nécessite une pression maîtrisée et un suivi outillé.
Repères techniques : standard admis « jusqu’à » deux recreusages et deux rechappages ; le rechappage réduit d’environ 56 % les intrants d’origine pétrolière par rapport à un pneu neuf (ordre de grandeur communiqué).
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