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Structuration des prix dans le transport routier de marchandises en 2025 : entre pressions économiques et leviers d’optimisation

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Un équilibre fragile dans un environnement inflationniste

En 2025, la structuration des prix dans le transport routier de marchandises (TRM) repose plus que jamais sur une gestion fine des coûts. Le secteur, déjà exposé aux hausses successives des charges depuis plusieurs années, continue d’évoluer dans un contexte de tension économique. Selon les prévisions actualisées du Comité National Routier, les coûts d’exploitation hors carburant devraient augmenter de 3,3 % cette année. Ce taux pourrait grimper à 5,1 % si certaines mesures sociales – en particulier celles liées à la rémunération des conducteurs – sont mises en œuvre.

Dans le détail, les principaux postes de dépense impactés sont les salaires et les charges sociales, les péages autoroutiers (avec une revalorisation moyenne de l’ordre de 3 à 5 % en début d’année) et l’entretien des véhicules. La question de la pénurie de main-d’œuvre, toujours non résolue, contribue également à maintenir une pression constante sur la masse salariale.

Structuration tarifaire transport 2025

Décomposer le tarif : les composantes clefs

La structuration tarifaire dans le TRM s’appuie sur une décomposition classique entre :

  • Les coûts fixes, comprenant l’amortissement des véhicules, les assurances, la fiscalité et la masse salariale.
  • Les coûts variables, fortement liés à l’exploitation quotidienne (carburant, péages, entretien courant).
  • La marge nette, souvent contrainte par la concurrence, les appels d’offres tendus, ou les attentes croissantes en matière de transparence tarifaire.

Le coût moyen du TRM, toutes prestations confondues, est estimé à environ 1,70 € par kilomètre parcouru. Ce chiffre cache néanmoins d’importantes disparités selon le type de transport (régional, national, international), le segment (généraliste ou spécialisé), le tonnage et le niveau de services associés (temps de livraison, double équipage, température dirigée, etc.).

La surcharge carburant constitue une composante stratégique. Indexée mensuellement, elle peut représenter entre 12 % et 20 % du prix total facturé selon les contrats. Au 1er janvier 2025, certaines entreprises l’ont fixée à 17,1 %, sur la base de l’évolution des prix moyens du gazole professionnel.

Digitalisation : des outils pour optimiser la structure des coûts

L’essor des outils numériques permet aux transporteurs d’agir plus finement sur leur structure tarifaire. Les logiciels de gestion de transport (TMS) sont désormais capables de croiser les données en temps réel (taux de remplissage, kilométrage à vide, coûts de revient par mission) et d’identifier des gisements d’économies.

Par ailleurs, l’intelligence artificielle appliquée à la planification logistique permet de prédire des perturbations (conditions météo, congestion routière, indisponibilité de ressources) et d’optimiser dynamiquement les itinéraires, réduisant ainsi les kilomètres à vide, souvent synonymes de coûts sans facturation.

Des plateformes d’analyse prédictive, couplées à des capteurs embarqués et des dispositifs IoT, offrent également des simulations de coûts en temps réel, permettant aux exploitants de piloter la rentabilité des tournées avec plus de finesse.

Transition énergétique : vers une intégration progressive dans les grilles tarifaires

Alors que les contraintes environnementales se durcissent et que les Zones à Faibles Émissions (ZFE)* restreignent l’accès des véhicules thermiques dans de nombreuses agglomérations, les transporteurs intègrent progressivement les externalités écologiques dans leur politique tarifaire.

Le renouvellement du parc vers des motorisations alternatives (électrique, GNV, biogaz ou hydrogène) engendre des coûts d’investissement élevés, compensés partiellement par des aides publiques. Toutefois, les bénéfices à long terme – notamment une potentielle moindre dépendance aux fluctuations du pétrole – justifient l’intégration d’une ligne tarifaire spécifique ou d’un coefficient « transition énergétique » dans certains contrats-cadres.

Des clients grands comptes, soucieux de décarboner leur chaîne logistique, sont désormais prêts à accepter des hausses tarifaires modérées si elles sont justifiées par des gains mesurables sur le plan environnemental. Cette évolution participe à une forme de « co-construction tarifaire », encore émergente mais appelée à se structurer.

Une demande croissante de transparence

Face à ces mutations, les donneurs d’ordre attendent une tarification plus lisible. La pratique des grilles tarifaires détaillées – par type de prestation, zone géographique, condition de chargement, recours à des solutions bas carbone – tend à se généraliser.

En parallèle, les indicateurs de performance environnementale (émissions CO₂ par palette transportée, part de flottes alternatives, kilomètres optimisés) apparaissent de plus en plus fréquemment dans les appels d’offres.

CGM pour Truckeditions

*Même si l’on observe deci delà quelques rétropédalages temporaires dans les régions.

👉 2025 : Transport routier et échéances écologiques : où en est la transition ? 

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