TRM : une reprise fragile entre stagnation de l’emploi et investissement bas
Au deuxième trimestre 2025, le transport routier de marchandises (TRM) connaît une amélioration très modérée, après plusieurs trimestres de repli. Cette évolution reste à nuancer : elle s’inscrit dans un contexte de calendrier contraint (jours fériés, interdictions de circuler) et n’efface pas le fait que l’activité reste au-dessous de ses standards historiques. Les derniers indicateurs publiés par la FNTR soulignent la persistance d’une insatisfaction élevée chez les chefs d’entreprise, une stagnation des effectifs, et une atonie prolongée de l’investissement.
Activité : amélioration perçue mais toujours sous les moyennes de long terme
L’indicateur d’activité du 2ᵉ trimestre 2025 s’améliore par rapport au 1er trimestre, mais reste négatif. Le niveau global reste comparable à celui observé lors de la crise sanitaire. Selon la FNTR, 48 % des dirigeants interrogés se disent insatisfaits de la situation de leur entreprise, tandis que 24 % restent dans l’attente. Seuls 28 % expriment une perception positive, révélant un climat général encore peu porteur. En termes de prévisions, les anticipations pour le 3ᵉ trimestre se stabilisent, sans signal clair de retournement fort.
Emploi : frémissement dans les effectifs mais tension nettement relâchée
L’évolution des effectifs repart légèrement à la hausse au 2ᵉ trimestre, mais l’indice reste inférieur à sa moyenne de longue période. Les chefs d’entreprise s’attendent à une stagnation des embauches pour le trimestre à venir (saisonnalité également en cause). Toutefois, les difficultés de recrutement, longtemps considérées comme un frein structurel, se sont fortement atténuées : seulement 39,3 % des transporteurs déclaraient rencontrer des difficultés pour recruter en avril 2025, contre 59,7 % deux ans plus tôt. Ce recul de 20 points en deux ans reflète un assouplissement du marché de l’emploi, probablement lié à un repli de la demande en personnel roulant.
Investissement matériel : 79 % des entreprises n’ont rien engagé au T2 2025
Les données sur l’investissement sont particulièrement révélatrices du climat d’attentisme : 79 % des entreprises déclarent ne pas avoir investi dans le matériel roulant sur la période, et cette proportion grimpe à 86 % pour les très petites entreprises. Lorsqu’il y a investissement, il s’agit essentiellement de renouvellement de parc, non d’extension. L’indicateur global reste « très en deçà » de sa moyenne historique, confirmant une frilosité persistante. Cette prudence s’explique notamment par la dégradation des marges, provoquée à la fois par des coûts en hausse et une pression constante sur les prix du transport.
Secteurs clients : dégradation générale du climat des affaires, sauf en agroalimentaire
Le TRM est étroitement lié à la dynamique de ses secteurs clients. Or, selon l’enquête conjoncturelle INSEE de juin 2025, le climat des affaires se dégrade dans l’industrie en général. Seule exception : l’agroalimentaire, dont l’indicateur remonte au niveau d’avril 2025. Dans les biens d’équipement, l’indice recule d’un point et reste sous pression à cause de carnets de commandes faibles. Dans le secteur automobile, le solde d’opinion sur la production passée diminue, bien que les perspectives à court terme s’améliorent légèrement. Le niveau des stocks dans la fabrication de matériels de transport augmente fortement, ce qui pourrait affecter la demande logistique à court terme.
Le transport routier de marchandises connaît un répit statistique plus qu’un véritable rebond. Les données du 2ᵉ trimestre traduisent une conjoncture en légère amélioration, mais encore éloignée des niveaux d’avant-crise.
La prudence reste de mise selon les professionnels : faiblesse de l’investissement (79 % d’abstention), stagnation de l’emploi, insatisfaction élevée (48 %) sont autant de signaux d’un secteur encore fragilisé. Les prochains mois dépendront largement de la relance de la demande industrielle et d’éventuelles inflexions politiques sur les coûts du transport.
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